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Prequel Osberan

Journal de bord du sous-commandant Arin, du régiment de défense de la flotte civile. En approche d’Osberan. Résumé des dernières semaines.
Depuis 1 mois, nous naviguons vers Osberan selon les ordres laissés par notre amiral. À l’époque, il m’avait confié le commandement de la flotte parce qu’il souhaitait étudier une super novæ proche de notre point de passage. Peu de temps après son départ, nous avons perdu tout contact avec sa navette. Nous avions ordre de continuer notre périple sans les attendre et sans se préoccuper de ce qu’il pourrait leur arriver afin de ne pas mettre en danger ni l’équipage ni la mission.
Hormis mon inquiétude profonde d’avoir perdu le contact avec l’amiral, la flotte militaire et la terre, le reste du voyage s’est bien passé et rien n’est venu perturber notre progression fort heureusement ! Il était de mon devoir de n’inquiéter personne, cela a été une période particulièrement difficile de cacher notre isolement total.
Nous sommes entrés dans la zone d’influence du système double Tylonia- Aleya depuis 3 semaines. Pour ne pas créer un possible déséquilibre du système, nous avons dû passer sur les réacteurs à propulsion conventionnelle. L’étape suivante consistait en l’envoi de plusieurs sondes d’observations en direction de la planète. 24 heures après leur largage, elles devaient être en mesure de nous fournir les premières images en haute résolution d’Osberan. Chaque jour passant, puisqu’elles s’approchaient, elles pouvaient glaner d’avantages d’informations, tel que la présence de vie à la surface sans entrer dans le détail. D’autres avaient cette mission et devaient être envoyées un peu plus tard. 

Les premières devaient aussi et surtout chercher la présence de technologies. Hier, ces sondes, restées en orbite haute, ont pu clore leur travail et nous avons reçu le 1er scan complet. De un, il ne semble y avoir trace d’aucune technologie, laissant croire qu’aucune vie intelligente n’est présente à la surface. De deux, elles ont pu réaliser une cartographie de qualité du continent abritant le point Alpha, point d’origine du signal. Les informations ont ensuite été compilées dans une sphère d’orientation afin de m’aider dans notre progression au sol.
Pour en revenir au premier point, l’absence de technologie sous-entend que personne n’est encore arrivé ou simplement présent sur place. C’est un mauvais présage, cela signifie que l’autre flotte n’est pas là. Il faudra donc nous débrouiller seul ! La question étant de savoir, ce qui a bien pu arriver aux autres. Dans tous les cas, les jours, mois, années à venir seront probablement difficiles, car nous ne sommes simplement pas aussi bien équipés qu’eux pour recréer un confort minimum. En imaginant bien sûr qu’il ne s’agisse que d’un souci de timing, bien que j’en doute !
Dans 2 jours, je serais le premier homme à poser le pied sur cette nouvelle planète, selon les directives laissées par le haut commandement. Il s’en suivra l’atterrissage des vaisseaux cités, selon les informations que je leur transmettrais.
En cas d’absence de contact de ma part, ils auront la consigne de se poser à environ 50 kilomètres du point Alpha.

 

Nous avons eu quelques soucis avec les sondes de surface. Systématiquement, elles se sont arrêté de transmettre environ 24 heures après leur largage. Les analyses géologiques et biologiques reçues bien que partielles ont permis de mettre en évidence que la vie y semble de petite taille, donc pas de grand prédateur. L’autre élément qui nous à aider à choisir, c'est la présence d’une grosse nappe aquifère confirmée juste en dessous de la surface. Elle serait en mesure de pourvoir à nos besoins en eau pour 1 décennie.
Malgré tout, cette perte de signal provenant des sondes me fait réfléchir et il sera nécessaire de mener une enquête pour comprendre. 

 

 

Dès demain, nous partons sur Osberan, à un peu plus de 1000 km au nord du point Alpha. La sonde envoyée pour scanner la zone, nous a transmis des informations étranges et difficilement compréhensibles. Nous devons enquêter là-dessus avant toute autre mission.
À partir de demain, je testerais un journal de bord dynamique, car j’aimerais ne perdre aucune information sur ce qu’il se passera. Je serais accompagné de 3 autres personnes, Naëlys, Zohan et Ivy.
Petit descriptif de chacun :
Naëlys est une femme de 35 ans, originaire comme moi d'Amundsen, elle est exo-biologiste et spécialisée dans le comportement animalier. Nous avons imaginé que les êtres vivants Osber pouvaient réagir comme ceux de la terre. Elle nous aidera donc à comprendre si nous avons à faire à des animaux agressifs ou pacifistes. Je ne connais pas particulièrement cette femme, mais elle m’a été conseillée pour cette mission.
Ivy est plus jeune de 2 ans que Naëlys et est aussi exo-biologiste. Elle a fini majore de sa promotion il y a 5 ans. Sa thèse sur l’évolution accélérée, qui a eu lieu sur terre pendant les 100 dernières années, lui a permis de décrocher sans difficulté son titre de docteur en biologie animale, elle est là pour nous aider a discerner les points communs avec les animaux de la terre, et donc savoir si nous pourrions envisager les domestiquer, s'en nourrir, ou s'en méfier.
Zohan son compagnon de 34 ans, lui, s'est distingué dans l’étude des plantes. Son parcours lui a permis de prétendre au poste de exo-botaniste. Au vu de ce que nous avons pu apercevoir via tous les rapports des sondes, il aura beaucoup de travail.
Lui et sa femme, je les connais un peu, son caractère est particulier, mais il est très bon et j’ai toute confiance en lui pour garantir le succès de la mission. Quant ’à elle, elle m’a toujours semblé très impliquée dans son travail.
Personnellement, je représenterais l’autorité et l’ingénierie dans sa globalité, je n’ai pas brillé dans mes études à différence des 3 autres, mais puisque l’amiral et son second ne sont plus avec nous, j’ai eu pour mission de les remplacer.

Jour 1 exploration Osberan, Voilà, c’est le grand jour, avec l’équipe nous nous retrouvons dans le hangar face à notre compagnon du jour, le petit vaisseau “le Goéland.”. Emplis d’enthousiasme, nous sommes aussi très stressés à l’idée de poser le pied sur ce nouveau monde.
- Avant d’embarquer l’équipe, je me permets de faire une brève réunion préparatoire :
Voilà le programme les gars. Descente sur le point Bêta d’Osberan avec le Goéland que voilà. Notre navette, a été préparée pour nous permettre de mettre en place un campement sécurisé sur la planète. Nous aurons de quoi manger et boire pour 5 jours. Nous ne savons pas sur quoi nous tomberons, ni même si nous trouverons de la nourriture et de l’eau consommable, en cas de besoins complémentaire. C’est donc une mission difficile, si vous souhaitez vous rétracter, c’est maintenant ! Après, il sera trop tard.
- C’est ok pour nous, on en a déjà parlé ensemble avant de venir et on ne laissera pas notre place. Pour aucune raison ! Avoir l’honneur de poser le pied sur un nouveau monde en premier, c’est juste un privilège incommensurable.
- C’est exactement ce que je souhaitais entendre alors on y va ! On ne traîne pas ! On monte dans la navette et une fois dedans on reprend un peu plus en détail nos objectifs.
L’entrée dans la petite navette se fait dans un silence absolu, seul le bruit de nos pas sur le sol métallique raisonne dans nos oreilles.
- Avant toute chose, il faut finir d’enfiler les combinaisons et s’assurer qu’elles soient opérationnelles. Après quoi, je prends les commandes, vous 3 attachez-vous, ça va secouer. Naëlys Viens à côté de moi, tu seras ma copilote. Puisque tu as suivi la formation pour ça. Quant’ à vous deux désolé vous allez devoir vous contenter de la soute, il y a 2 places sécurisées pour vous.
- Merci pour le confort sommaire, si je rends tout ça, ce sera sympa avec le casque. Sorti Zohan
- Mais non, j’ai confiance en toi.

Nous sommes maintenant en place, je démarre le vaisseau. Voici les 5 grandes étapes :
Descente sur Osberan
Recherche d’un lieu d’atterrissage sûr et débarquement.
Construction d’un camp sécurisé pour nous 4.
Exploration des alentours.
Et enfin prise d’échantillon et analyse de l’eau, prélèvement de fruits, petits animaux et insectes pour étude comestibilité.
- Je vous préviens, la descente va être plutôt difficile les gars, les relevés indiquent que l’atmosphère est plus épaisse que sur terre. Attendez-vous donc à ce qu’il fasse très chaud, et que nous subissions pas mal de turbulence. Pas la peine de me parler sauf pour une vraie urgence, j’ai besoin de me concentrer. De toute façon, ça risque d’être très bruyant.
La descente a, en effet, été assez violente, j’ai dû gérer 5 minutes de grosse galère. Heureusement, Naëlys m’a beaucoup aidé, plus d’une fois les angles de pénétrations ont dû être ajustés pour limiter la surchauffe, et au vu des capteurs, ça n’a pas été du goût de la navette :
- Ça y est les gars, on va se poser, je viens de localiser un point dans ce cadran. Objectif, les abords de cette forêt. Pas trop prêt quand même, de quoi garantir notre sécurité en gardant un point de vue assez ouvert sur l’horizon. Zohan ? Ivy ? Tout va bien ?
- Pas vraiment, pas de casse, mais je ne risque pas de manger avant quelques heures, tu nous as bien secoués !
- j’ai fait ce que j’ai pu, mais ce n’était pas évident, Naëlys est témoin, les paramètres préréglés n’étaient pas adaptés.
- Mouais ! Je dirais plutôt que tu ne voulais pas qu’on découvre les fruits d’ici avant toi. Mais ok à toi le Plaisir de tout goûter en premier. Avec sa remarque, le regard vengeur d'Ivy en disait long sur sa façon de penser à cet instant.
- Mis à part ça, tu nous laisses sortir qu’on puisse aller vomir tranquillement ? Répliquait Zohan.
- Attends encore 2 minutes, j’attends le scan des Capteurs extérieur de la carlingue pour être sûr que nous ne risquions rien. 

- Il ne manquerait plus que ça, après avoir parcouru des Milliards de km, on pourrait se retrouver sur une planète sans pouvoir y respirer, rassure-moi, ils ne nous ont pas fait ça là-bas ?
- Je suis sûr que non, mais rien ne nous empêche de...
“Ouverture manuelle de la trappe d’accès.”
- Eh, mais ça ne va pas Zohan pourquoi t’as fait ça ?
- Si je dois mourir asphyxié, je préfère encore ne pas le savoir alors à la poubelle les protocoles.
“Fin d’analyse : atmosphère compatible avec la physionomie humaine, aucun agent à risquer. Détail de la composition de l’air N2 75%, CO2 1%, O2 23%, O3 trace, Ar, Ne trace.”
- Tu vois de toute façon nous ne risquions rien !
- Ce n’est pas une raison, au moins, on aurait pu prendre cette décision ensemble.
- Écoute, je m’en excuse, mais si nous voulons avancer, il faudra probablement faire quelques raccourcis sur les protocoles. Nous ne sommes pas en territoire connu, ne l’oublie pas.
Une fois à l’extérieur, nous découvrons un air pur, comme nous n’avons jamais eu le plaisir d’avoir sur terre. Quel bonheur ! Et toutes ces odeurs.
Situation : comme souhaités, les alentours sont dégagés, la lisière de la forêt est à une 50 aine de mètre. Le plateau sur lequel nous sommes, nous offre un panorama à 360°. De l’autre côté du vaisseau une grand Falaise nous offre une protection naturelle contre toute invasion animale.
Les plantes sont très différentes de ce que nous avions sur terre. En réalité et dans les livres.
Ici, une part non-négligeable, sont violettes et bleues, c’est assez dépaysant. Le sol est couvert d’une sorte de mousse verte et rougeâtre et ne ressemble en rien à l’herbe que nous avions.
Les fleurs sont de toutes les tailles, mais globalement bien plus grosses que ce que j’ai pu voir jusque-là. La plus petite que je vois, fait déjà un bon 15 cm de diamètres, j’ajouterais quelques croquis pour illustrer et conserver tout cela.

 

La force de ces effluves est ce qui me trouble le plus. Agréables, mais un peu trop présentes et cela nous assomme un peu
- La luminosité est perturbante, vous ne trouvez pas, elle est très forte et légèrement teintée de rouge. Probablement dû à l’étoile Tylonia.
« Résultat d’analyse spectrale, haut niveau d’UVA et UVB présent à hauteur de 7% des UV, UVC absents, origine très probable Soleil Aleya, risque modéré »
Attention les gars, je vous déconseille de regarder dans la direction de l’étoile blanche, elle semble être très irradiante. Regardez les relevés.
- On risque quelque chose ?
- Après l’appareil de mesure non, on va pas mal bronzer, mais la valeur semble être en dessous des valeurs létales.
- Et maintenant que tous ces points sont sécurisés, que fait ‘on maintenant ? On se met au travail ?
- Toi Zohan, tu sembles aimer le danger, occupes toi de vérifier les abords de la forêt, n’y entre pas pour le moment, mais assure-toi que nous ne risquons rien ici, je vais monter le campement autour de la navette avec Naëlys,
- Et moi ? Ajoute Ivy
- Reste en support de Zohan, ne soit pas trop proche de lui au cas où il faudrait intervenir. Place-toi en retrait pour avoir une vision d’ensemble, et si quelque chose te semble étranger, n’hésite pas à lancer l’alerte.
- tu n’as pas confiance en moi à ce que je vois ? Lui lançait Zohan un peu énervé.
- Détrompe-toi, si je n’avais pas confiance, je ne te donnerais pas la mission la plus importante, prends bien conscience que notre sécurité est primordiale. On est 4 et j’aimerais qu’on reparte tous les 4 ! Après ces propos, chacun d’entre nous s’est affairé à sa tâche.
Naëlys devait s’occuper de mettre en place la barrière de sécurité. À savoir 4 assez gros poteaux capables de générer un éclair en cas d’intrusion. Bien sûr, pas létal mais suffisant pour sonner un peu. J’ai donc pris le temps de l’aider à les placer aux 4 angles. Le fonctionnement est simple, nous sommes tous munis d’un récepteur, qui si on en est exempt, tout passage entre 2 balises se conclut par le foudroiement.

​

Pendant qu’elle se chargeait de creuser les trous, pour planter les poteaux, je me suis offert le privilège de creuser nos latrines. Opération peu ragoûtante, mais au combien indispensable pour notre confort sur le long terme.
Il est temps de faire un rapport de situation : la mise en place du camp nous a pris 2 bonnes heures, et rien de particulier n’est venu nous déranger. Quelques petites créatures originales ont bien pointé le bout de leur museau et fort heureusement aucune n’avait un comportement agressif. J’ai été surpris de voir, qu’elles ne semblaient pas dérangées par notre présence.
Sur un autre registre, mon premier constat scientifique concerne, la gravité ! En effet celle-ci est plus forte que sur terre, et cela se ressent bien ! Ou peut-être est-ce parce que nous venons de passer 6 mois dans l’espace, et que notre entraînement ne suffisait pas. Dans tous les cas, je suis éreinté. Pour ce soir, nous avons ce qu’il nous faut, nous pouvons nous reposer et je n’en suis pas mécontent.
- Zohan, profite pour finir ton tour de guet pour ramasser un peu de bois, nous devrons allumer un feu, la soirée s’annonce fraîche.
Tylonia est déjà en dessous de l’horizon. La luminosité d’Aleya qui semblait si dangereuse ce matin, me paraît tellement insignifiante maintenant. Même sans la regarder directement, elle ne semble pas plus brillante que ne l’était la lune depuis la terre,
Cette espèce de halo autour du soleil me perturbe un peu, il se comporte comme un brouillard épais.
. Si vous êtes prêt tous les 3, rejoignez moi au bord de la falaise, profitons du paysage. C’est vraiment magnifique depuis ce point de vue. Vous rendez vous compte que dans l’histoire nous avions probablement ce genre de panoramas sur terre. Quel Dommage ! J’espère qu’ici, nous ne referons pas les mêmes erreurs.
- Tu parais très inspiré, cher ami.

​

À nos pieds, d’assez grosses créatures, nous pourrions les comparer à des girafes plus massives que sur terre, s’éloignent de la lisière de la forêt sous-jacente à grande vitesse. Subitement, une autre, difficilement descriptible a fondu sur la plus lente du groupe, sans lui laisser la moindre chance. À l’aide de sa queue, tellement longue qu’elle pourrait jouer le rôle de fouet, le prédateur a mis au sol la proie en emmêlant les pattes arrière. Devant notre regard effrayé, la malheureuse bête a été mise à mort. Après un rugissement puissant, nous avons apercevoir des versions plus petites du prédateur accourir, nous rappelant malgré la violence de la scène qu’il ne s’agit que du cycle naturel.

 Malgré tout, nous sommes très heureux d’être hors de portée. Notre position nous a maintenues en sécurité, ou tout du moins, c’est ce qui semble être le cas, Bien qu’au fond de nous nous ne sommes pas du tout rassurés pour la soirée.

 Naëlys la première : - je suggère de dormir dans la navette ce soir. L’air, tout de suite, est frais, mais très lourd à cause de l’humidité. Et puis :- Et puis tu n’es pas rassuré, suggère Ivy.

- Quelqu’un ici l’ai ? Honnêtement ?

Je me dois de décrire le visage des trois, et du mien, à savoir terriblement bouleversé et inquiet.

Cet instant qui seulement 5 minutes plus tôt était idyllique s’est tout d’un coup transformé en un possible cauchemar. 

- Puisque personne n’a l’air dans son assiette, allons dans la navette et fermons de la porte. Pour la suite, nous verrons demain matin.

- Avant toute chose, doit-on informer les autres colons de notre découverte ?

- C’est totalement inutile, nous ne savons rien pour le moment, s’il est évident que cette créature nous a fichu une sacré frousse, peut-être que le reste de cette planète est plus accueillante.

- Et pour la mission ? Est-elle remise en cause ? 

​

Zohan se lève en rigolant : - C ‘est ce gros bestiau qui vous fait peur ? Arrêtez les filles, on est assez lourdement armés pour éviter les problèmes.

 - Merci de faire ton gros macho, c’est tellement déplacé.

 - D’aucune façon, mais si ça vous fait plaisir, simplement, il ne faut pas avoir peur, je suis persuadé que, dans l’histoire de la terre, l’homme s’est trouvé dans des situations bien plus fâcheuses.

 - On arrête de se chamailler s’il vous plaît ! Demain l’objectif reste de se diriger vers la grotte d’où semblait venir les signaux, on fera bien attention et c’est tout. En fait, je suis même content d’avoir pu assister à cette scène ce soir. Avec ce qui s’est passé, nous savons que nous devrons simplement faire attention.

 Le regard des filles en dit long sur mes derniers mots : - Vision positive d’un moment de grande peur. Vous avez bien pris conscience de ce qu’il vient de se passer les gars ?

 - Bien sûr, mais ce qui s’est passé, nous ne pouvons rien y faire, et se créer du stress maintenant, ne nous aidera pas. Partons nous coucher, nous verrons demain.

 Rapport sur la journée encourue : « La colonisation de cette planète ne se présente pas sous les meilleurs auspices, et je m’inquiète du débarquement. Le problème, c’est que nous n’avons pas vraiment le choix. Les vaisseaux n’ont pas particulièrement bien supporté le voyage jusqu’ici.

 Et puis (…) tellement de choses étranges sont advenu depuis notre départ de la terre, et surtout, nous sommes seuls depuis que ce voyage étrange a débuté.

 Pour le moment, l’équipe semble tenir encore un peu le coup, mais j’ai peur que cela ne change rapidement.

 Bip, Bip, Bip, Violation du périmètre de sécurité.

 Le réveil en sursaut, ce n’est vraiment pas ma tasse de thé : - Debout là-dedans, le temps de regarder au travers des hublots. Naëlys, allume les éclairages de proximité. 

​

- Fait !

- Ivy, lance une analyse de proximité, je te prie.

- Lancement de l’analyse, « Biiiip ».

Détection d’une présence organique dans le cercle de sécurité.

- Regardez tout autour, vous voyez quelque chose ?

- Rien de mon côté, la barrière semble intègre.

- De même pour moi.

- Rien à signaler ici non plus. La barrière est en parfait état.

- Naëlys, tu me confirmes que tu as bien allumé la barrière après l’avoir mise ?

- Affirmatif ! regardes, on voit bien les led témoins.

- Je te crois, il faudrait sortir voir ce qu’il se passe, mais ce soir, c’est trop dangereux. Nous verrons demain matin. En attendant, mettons en place un tour de garde ! On ne sait jamais.

La voix grave de Zohan résonne dans l’appareil exigu : - Tu changes du tout au tout dans tes propos, chef.

- Je n’ai pas le choix, nous sommes venus ici à 4, nous repartirons à 4. Zohan s’il te plait, prenons le premier quart. Les filles allez-vous coucher, vous pensez pouvoir nous remplacer dans 2 h. La nuit devrait durer tout au plus encore 6 heures.

À cet instant, j’espère que personne ne s’est rendu compte de ma voix légèrement tremblante.

- Ok pour nous.

L’espace restreint de l’appareil ne présage aucunement une bonne nuit comme nous en aurions besoin, mais pour des raisons de sécurité, cela reste encore la meilleure solution.

Après 2 autres quarts, Aleya se lève doucement, la luminosité n’est pas forte, c’est très déroutant, au travers du hublot, c’est comme si nous pouvions assister à un lever d’une très grosse lune sur terre. La lumière est particulièrement intense si on regarde le petit soleil, mais il n’éclaire pas grand-chose. Entre temps, l’horizon se colore d’un rouge écarlate, j’imagine que Tylonia, devrait apparaître.

Si mon raisonnement est juste, dans 5 minutes, il fera suffisamment jour pour constater ce qui s’est vraiment passé. Je reste très perturbé par tous ces grincements depuis 1 bonne heure, un peu comme si quelque chose s’était frotté au vaisseau.

​

- Allez les gars, il faut se réveiller.
Ma façon de les réveiller, trahi très probablement mon impatience… Ou mon mal-être brutal. 
- Ivy, ouvre la porte pour voir ce qu’il s’est passé.
Ivy attrape la poignée de la porte d’accès, la pousse. Rien ne se passe, pourtant, je la vois pousser puis tirer de plus en plus fortement. : - Je n’y arrive pas, quelque chose la bloque ! 
Zohan toujours aussi délicat, s’approche et écarte plus ou moins doucement Ivy : - Laisse-moi faire ! Mais avant cela, Arin, tu es bien sûr que la porte est déverrouillée ? 
- Je vérifie. Oui, c’est bon pourtant ! 
En appuyant sur le bouton, pour revalider l’ordre d’ouverture de la porte, un petit grincement se fit encore entendre. Les 3 qui dormaient lorsque je les ai entendues la première fois : - Qu’est-ce qu’on entend là ? 
- J’ai entendu ce petit bruit pendant tout mon dernier quart, mais je ne sais pas ce que c’est, c’est pour cela que je voudrais sortir et rapidement voir ce que c’est. 
Naëlys partis vers le cockpit : - euh les gars ! Venez voir. 
En entrant dans le poste de pilotage, je regarde mes camarades, autant ébranlés que moi. Mon rôle de commandant m’oblige à tenir mon rôle avec le plus d’assurance possible, je ravale rapidement ma grimace, et m’Eclipse rapidement pour signaler ce qu’il vient de nous arriver : rapport de situation exceptionnel : - Une liane d’un bon centimètre de diamètre traverse la verrière, nous devons sortir nous dégager, et comprendre ce qu’il s’est passé. Est-ce en rapport avec ce que j’ai entendu tout la nuit ? J’en suis presque sûr.
- Zohan s’il te plaît, accompagne moi, il faut voir ce qu’est ce truc et s’il faut, on se dégage. Dès que nous sommes ok, on récupère la barrière de confinement et on met les voiles de cet endroit. 
- Mais, et la mission ? Tu tenais à la faire hier soir après avoir vu cette drôle de créature dévorer la grosse girafe et d’un coup, à cause d’une liane, tu veux partir ? 

​

En posant mes mains sur les 2 épaules de Zohan, je le regarde fixement : - Hier une créature en à bouffée une autre, mais elle était loin et nous étions en sécurité ! A contrario, ce matin, un espèce de liane à violé notre zone de sécurité, s’est semble t’il agrippée à notre vaisseau. Je suis désolé de te dire que cela n’a rien à voir.

Tout de suite c’est notre sécurité qui m’importe. La mission nous la ferons, mais nous allons bouger le vaisseau un peu plus loin, en espérant que cette saloperie ne nous suive pas. Après 2 d’entre nous partirons explorer la grotte et 2 autres resteront dans la vaisseau prêt à repartir.

- Et si ce truc nous pourchasse, on fait quoi ? il faut bien que tous les colons s’installent. Tu as conscience que presque 20 000 personnes attendent la haut de poser le pied sur la planète ?

- Oui mais…

Zohan s’approche de moi, son rythme cardiaque est tel que je peux l’entendre, sa respiration accélérant, puis sèchement : Mais quoi ? nos vaisseaux ne sont pas capables d’aller plus loin sans ravitaillement, à la rigueur nous pourrions aller jusqu’au dixième du trajet que nous avons fait depuis la terre, sauf que ce n’est pas possible. J’ai beau être Botaniste, je sais qu’on a choisi un système solaire se trouvant dans un vide encore plus prononcé que notre bonne vielle terre. Comment à t’on put accepté une telle mission. En fait nous ne connaissons rien de cet endroit.

Ivy et Naëlys nous ont rejoint entre temps. Encore perturbée mais équipées et prêtes à sortir pour nous débarrasser de l’intrus. Leur venu tombe à pique car d’un coup la colère de Zohan a disparu pour laisser la place à un comportement bien plus protocolaire et plus fonctionnel pour la mission à venir.

- On y va chef ? nous n’avons pas envie de traîner ici.

- Ok, on récapitule, le fait le tour, Ivy et moi par devant, Naëlys et Zohan par derrière, dès qu’on voit quelque chose, on coupe. Et après on se barre. C’est bon ? j’ouvre le sas arrière et espérant qu’on puisse.

​

Ouverture du sas en cours. Après 5 secondes. Blocage des moteurs de descente. 
- La liane s’est aussi immiscée sur la rampe d’accès arrière, elle s’ouvre juste assez pour que nous puissions sortir. Nous allons devoir nous faufiler par les interstices. 
- Ne risque-t-on pas des problèmes en sortant, nous ne parvenons pas à voir quoi que ce soit ?
- Zohan ! rétorque alors Ivy, : - tu es moins courageux d’un coup. Doit-on en rire ou en pleurer ? 
- Moque-toi, ce qui se passe depuis hier, ne me rassure pas, et oui, je suis stressé, non, je n’ai pas peur, mais j’aimerais quand même rentrer. 
- On se calme tous, il faut nous occuper de cette liane. Naëlys, tu as une machette, on va déjà essayer de couper depuis ici, pour tenter d’ouvrir davantage. 
Après plusieurs tentatives, nous réussissons enfin à briser cette dernière. 
- Relance l’ouverture s’il te plaît.
Ouverture du sas en cours. 
Alors que le sas était presque en bas, le vaisseau fut secoué assez violemment. 
Naëlys en tombant hurla : - Qu’est-ce que c’est encore. 
J’ordonne l’évacuation du vaisseau, nous verrons dehors comment faire. 
En deux minutes, nous nous retrouvons dehors à assister à l’impensable. Des lianes sortent de terre. D’abord, toutes petites, nous les voyons enserrer le haillon arrière. Puis dès que celui-ci se stoppe, les lianes s’arrêtent de pousser. 
Comment ? Pourquoi ? Nous devons contacter les instances supérieures. Cela dépasse nos capacités de réflexion seules. 
- Zohan, Ivy, et Naëlys. Avec ce qu’il vient de se passer, je vais demander de nous assister, cela est bien trop dangereux ici pour nous.
- Mais, et la mission ? 
- Ma première mission, c’est de vous garder en vie. Vu l’état du vaisseau, cela devient compliqué. 
Zohan revient depuis l’autre côté du vaisseau : - Bon pendant que vous parliez, je me suis permis de faire le tour, les lianes ont totalement encerclé notre navette, il va falloir se bouger pour le libérer. 
Zohan, avant cela, je propose d’appeler la colonie.

​

Nous avons clairement besoin d’aide.
D’une voix très stressée, Zohan me regarde : - fais vite alors, on a beaucoup de travail ! Puis se retourne voir les filles.
Le temps que les 3 autres s’arment de haches pour continuer l’arrachage, tant bien que mal, je retourne dans l’appareil par le même chemin. À bout de souffle, je réussis à passer en me vautrant royalement de l’autre côté, produisant un boom perceptible à l’extérieur.
Avec beaucoup de sarcasme, j’entends depuis l’extérieur les machettes qui s’arrêtent puis en cœur. : - ça va là-dedans ? Tu as besoin d’un coup de main ?’
Vexé, je me relève et tapote sur le panneau métallique à côté de moi. – C’est bon, juste la précipitation. Il me reste à courir jusqu’au terminal pour démarrer l’appareil. Après quelques secondes, de nouvelles secousses se font sentir, et j’entends les filles se mettre à hurler de peur : - qu’est-ce qu’il se passe encore ! Demande-je alors. : - C’est quoi ces cris, et ces vibrations ? Dites-moi. Sans réponse de leur part, et malgré les vibrations, je ressors aussi vite que possible.
- Ouf vous allez bien, mais pourquoi ne répondez-vous pas ?
Naëlys, la main tremblante me montre les lianes. J’assiste, totalement désarmé, à un spectacle au-delà de toutes mes peurs, de nouvelles lianes se mettent à sortir de terre, celles ayant précédemment poussé, se mettent à fleurir et à grossir, et de nouvelles grimpe le long de la structure pour enserrer la zone ou les batteries de l’appareil sont stockées.


Subitement, on entend un crac puissant, suivi de la chute de l’antenne de transmission. Totalement désabusés, nous assistons au spectacle en prenant conscience que nous sommes seuls.
Ivy, s’agenouille de désespoir, puis se recroqueville. Zohan très bouleversé, l’attrape dans ses bras, et fait signe à Naëlys de venir me voir, juste avant qu’elle ne craque à son tour.

 

Le fait qu’elles craquent si vite, nous force à intérioriser notre inquiétude à nous deux. D’autant qu’en tant que chef d’équipe, je me dois de rester droit pour ne pas davantage les apeurer. Mais au fond de moi, je suis transi. Étais ce judicieux de venir ici, de quitter notre planète.
J’y crois encore un peu !
- Que faisons-nous maintenant, demande alors Ivy, d’une voix pleine de sanglots.
Sa remarque me rappelle à l’ordre, nous ne devons pas rester sans bouger.
- Il reste le tout-terrain dans le vaisseau. Propose Naëlys,
- C’est juste oui, dégageons, la rampe et une fois prêt, nous partirons.
- Et comment être sûr que ces tentacules ne ressortiront pas encore une fois ?
En écoutant la remarque de Naëlys, une idée m’a traversé la tête.
- As-tu pris le générateur portatif dans le vaisseau Zohan ?
- Oui, bien sûr, il est indispensable si on veut avoir de l’Énergie sur le campement.
- Si mon intuition est juste, même si nous en aurions besoin, nous ne pourrons jamais nous en servir ici. Il faut le récupérer et après cela, nous testerons quelque chose en bordure du campement.
- Qu’as-tu en tête. Me rétorque-t-il !
- Je ne suis pas sûr et j’espère me tromper, mais chaque fois que les racines sont apparues, nous étions en train d’utiliser un appareil.
Se rapprochant de nous, Naëlys sursaute et nous interrompt :
- Non ? Tu voudrais dire que ? !
- j’en ai bien peur. Oui, lui dit alors en baissant la tête.
- C’est un véritable cauchemar. Comment allons-nous nous en sortir ? On a plus aucun moyen de contacter la flotte, notre sécurité ici est compromise. Tu as quelque chose pour nous rassurer un peu ?
Zohan me hurle dessus comme jamais il ne l’a fait. Je ne peux tout simplement pas lui en vouloir.
Tout ce qu’il vient de me dire est juste, j’en ai des frissons dans le dos tellement, notre situation est catastrophique. Mais je dois garder mon calme., je lui réponds : - Écoutes, si nous commençons à paniquer, nous n’aurons aucune chance.

1 heure durant, nous prenons toutes les précautions pour couper une à une les lianes qui obstruent la rampe d’accès, quand enfin la dernière lâche. De peur que quelque chose n'arrive, j’entre doucement dans la navette et déverrouille le frein de fermeture de l’accès : attention éloignez-vous, la porte devrait tomber d’un coup !
- C’est bon me crie Naëlys, tu peux y aller !
Je tire la manivelle, et comme convenu la passerelle tombe violemment au sol, et se plie légèrement sous la force de l’impact.
- Venez maintenant, chargeons le 4x4 de tout ce dont nous aurons besoin, que du vital. Nourriture, couvertures, de l’eau tout ce qu’on a, et quelques armes, après quoi, montons tous dans le tout-terrain. Je ne le démarrerais qu’au dernier moment, alors j’espère sincèrement qu’il fonctionnera sans accros.
- Mais, et au fait, ajoute Zohan, n’y a-t-il pas une radio dans le véhicule qu’on pourrait utiliser ?
- Si bien sûr, mais il est peu probable que nous puissions joindre la flotte.
Encore une heure plus tard, nous sommes fins près au départ. Je démarre le véhicule et aussitôt, j’appuie sur l’accélérateur. La descente de la rampe se fait en un clin d’œil, et sans me retourner, je trace le plus loin possible de cet endroit.
Ivy regarde alors en arrière, et se met à hurler à en couvrir le bruit du véhicule : oh mon Dieu, ces fichues lianes, elles sont réapparues, et elles nous pourchassent. Mais c’est quoi cette malédiction, cela ne s’arrêtera jamais ?
- Ivy s'il te plaît, dit-moi si le vaisseau est attaqué lui aussi ? Je lui pose alors comme question.
- hein ? En quoi, c’est important ? C’est nous qui devons survivre, pas le vaisseau ?
- Dis-moi, vite, j’ai besoin de savoir, cela pourrait m’aider à comprendre ou non.
- Nous sommes très loin maintenant, mais il ne m’a pas semblé, seulement, je ne peux pas en être sûre.
- Ok, alors je vais tenter quelque chose.
Zohan d’un air suspicieux. : et quoi donc ?

Tellement pris dans ma tentative de compréhension du problème, je n’ai pas fait attention à sa remarque et avait déjà coupé l’alimentation du rover.
- Qu’est-ce qu’il se passe me rétorquent les 3 en sentant la voiture ralentir.
Sûr de moi : - J’ai coupé le moteur, c’est nécessaire si je veux comprendre si le moteur à un lien ou non avec ce qu’il se passe, et de toute façon, je reste en roue libre pour continuer d’avancer.
- Mais ! Mais tu es fou ? Tu veux notre mort ? Redémarre, me dit alors Zohan en se précipitant sur le contact.
Avant même qu’il ne puisse y toucher, j’intercepte sa main et la balance en arrière : - Arrêtes et regarde derrière. Ce que je supputais semble bien vrai. Je venais de constater par les rétroviseurs, que les lianes avaient stoppées leur course folle pour nous rattraper. Comme il semble dubitatif vis-à-vis de ce que je viens de lui dire, je vais tenter d’être plus explicite. Regarde maintenant, elles ne nous suivent plus.
- Mais pourquoi ? Me répond-il interloqué. Aucun des 3 ne comprenait où je voulais en venir. : - Tu nous explique plutôt que de tout garder pour toi ?
- Je pense que les lianes réagissent à quelque chose produit par nos technologies, je n’en suis pas totalement convaincu encore, mais tout ce que j’ai fait jusque-là, semble le confirmer.
- Tu te rends compte de ce que tu nous dis ! Les lianes seraient dotées de conscience, dès qu’on voudrait faire fonctionner des appareils ? C’est juste tellement improbable.
À les entendre, j’avoue que ma remarque peut sembler folle, mais jusque-là, c’est la seule théorie qui semble répondre à mes hypothèses.
- Que voulez-vous, j’ai aussi du mal avec cette idée, mais elle semble tenir la route.
Je vois bien qu’ils ne semblent pas trouver mon propos crédible jusqu’à l’intervention d’Ivy : - Et pourquoi pas après tout. Dans les livres d’histoire, quelques biologistes ont bien identifié quelques plantes de la famille des acacias, capable de réagir au contact, ou d’autres encore capable de réagir a des phéromones, pour se protéger de troupeau de mangeurs de feuilles.

Imaginez donc, qu’une plante réagit à quelque chose qui se produit lorsque nous utilisons de la technologie.
En réfléchissant aux propos d’Ivy, je ne peux que trembler d’effrois. Je ne sais comment avertir la flotte, les radios qui nous restent n’ont pas la capacité de communiquer si loin. Je dois me changer les idées, peut-être que la solution m’apparaîtra évidente lorsque j’aurais repris mon sang-froid. : - Les gars, nous devons dans un premier temps refaire un campement, à l’ancienne, nous n’avons pas le choix.
- Où souhaites-tu aller comme ça ?
Alors que je maintiens le "roue-libre" autant que possible sur l’appareil pour nous éloigner de cet endroit, je me surprends à penser à des milliers de choses, mais surtout à me demander ce que je fais ici.
Naëlys, qui regardait vers l’est, nous interpelle brusquement. : - Là-bas regardez, on dirait une grotte, plutôt grande, avec un point de vue très dégagé.


- Allons-y, c’est notre meilleure option.
D’un coup de volant, j’oriente la jeep afin de prendre la faible descente qui nous sépare de notre futur habitat. Il prend peu à peu de la vitesse, que je gère afin de ne pas finir écrasé contre la falaise.
De loin, on peut voir que la grotte que nous a trouvée Naëlys est en hauteur. Pour y accéder, on peut voir une petite corniche. On ne sait jamais, cela pourra nous être utile.
Zohan est resté silencieux un bon moment, avant de se proposer pour aller chasser. : - Dès que nous sommes en bas, je vais partir chercher à manger, et de quoi faire du bois, Ivy veux-tu m’accompagner ?
- Oui, j’aimerais me changer les idées, et profiter pour explorer.
D’un regard furtif, je balais rapidement le visage de mes 3 compagnons, je discerne la tristesse, presque le désespoir, j’espère que tout ira mieux à partir de maintenant, autant que possible, je vais essayer de les encourager pour maintenir la cohésion - c’est une très bonne idée, il faudra faire attention tous les 2, je suis sûr que cette planète nous cache encore bien des choses !-

Voilà 3 jours que nous sommes bloqués sur la planète sans nouvelle de personne, Zohan et moi avons autant que possible tenté de construire un semblant d’abris, Ivy et Naëlys, se sont senti l’âme d’exploratrices. Avec des torches, elles ont fouillé les environs proches à l’intérieur de la grotte et ont découvert de l’eau. Quelle belle nouvelle, ainsi, nous limiterons nos sorties de notre abri qu’à la chasse.
- Zohan, tu te sens en mesure d’aller chasser demain matin ? Nous n’avons presque plus de réserve de survie. Les filles que préférez-vous faire ? Venir avec nous, ou rester ici ?
- J’aimerais découvrir les abords de la grotte, la flore ici est d’une richesse. Je ne suis même pas sûr qu’à un quelconque moment sur terre une si petite surface ai pu accueillir autant de variété de vie. Et puis sans te cacher, en venant avec le buggy, j’ai vu sur le chemin une plante de taille moyenne, mais d’une couleur rouge violacée magnifique.
Ivy, qui nous écoutait, s’approche de nous et interrompt presque Naëlys, veux-tu parler de cette plante avec des tiges longilignes, munie de poids en forme de navettes à chaque bout ?
Surprise, Naeylis reprends aussitôt la parole ; oh, tu l’as vue toi aussi.
- Il n’était pas possible de passer à côté. D’autant qu’il m’a semblé que sa couleur variait un peu et qu’elle bougeait.
À ces propos, je me suis senti obligé d’intervenir : si elle bouge, méfiez-vous, pour le moment, nous n’avons eu aucun cadeau ici, j’aimerais que nous soyons tous les quatre sauvés, lorsque l’aide viendra.
Zohan m’attrape par le bras et m’emmène avec lui un peu en retrait dans la grotte, pendant ce temps, je regarde les filles se préparer en faisant fi de ce que je viens de leur dire, enfin, c’est l’impression qu’elles me donnent.
- Arin, je crois qu’il ne faut pas se bercer d’illusions, ici, nous n’avons même pas une balise rien et tu penses que nous serons retrouvés !
Ses paroles font écho dans ma tête, au fond, il a raison, mais je n’arrive pas à m’y faire.

 

Avant même que je ne lui réponde, il continue son raisonnement : - Nous avons parlé Ivy, Naelys et moi,
- Quoi dans mon dos ? Lui rétorque-je choqué ! Contre-moi ? Qu’ai-je fait de mal ?
Se voulant rassurant, Zohan prend toutes les précautions pour me calmer. : - Arrête. Me dit-il, nous avons confiance en toi, tous les 3, la question ne se pose pas, mais nous pensons que tu veux nous surprotéger, et regardes autour de toi, on y est jusqu’au cou. Laisse faire les choses, ne te créais pas plus d’obligation que nécessaire, on est ici pour longtemps. Que tu veuilles nous garder en vie oui, mais oublie une bonne fois pour toutes cette histoire de sauvetage, cela n’arrivera jamais.
Quel électro choque, mais ô combien nécessaire. : merci Zohan, j’avais besoin que quelqu’un me parle plus directement.
Le temps que nous revenions, les filles étaient déjà parties en vadrouille, je n’espère qu’une chose, c’est qu’il ne leur arrivera rien.
- Allons les rejoindre, tu verras tout se passera bien. Ni 1 ni 2, nous redescendions de l’abri, par sécurité, nous partions armés afin d’assurer notre protection en cas de besoin.
- Les filles ont pris une sacrée avance, je ne les vois pas.
Nous les avons cherchées assez longtemps, sans trouver la moindre trace. Et à force de fouiller, nous tombions même sur la fameuse plante dont parlaient Ivy et Naelys.
- Cela ne me plaît pas, c’est ici qu’elles sont censées être. Curieusement, je me suis laissé absorbé par la plante, et rapidement, j’ai pu constater qu’elle ne présente aucun danger. : - Tu avais raison Zohan, cette plante bouge, mais regardes, je peux l’attraper, elle ne m’attaque pas. En me tournant vers Zohan, je vois qu’il est particulièrement inquiet, la plante ne l’importe pas vraiment pour le moment, il fouille les alentours, et en s’approchant de moi se met à hurler : Naelys, Ivy ? Où êtes-vous ?
Puis découragé par le silence qui s’en suit, il ajoute : - Bien évidemment aucune réponse, en tout pas celle qu’on attendait.

​

Tout autour, nous pouvons entendre une multitude de nous de petits grognements, j’attrape mon arme, Zohan, aussi, ne sachant pas d’où cela vient, nous nous collons dos à dos.
Zohan me tapote le dos avec son coude et ajoute très doucement : Arin, tu vois quelque chose ?
- Rien pour le moment, mais l’animal en face de moi semble s’approcher, j’entends le bruissement des feuilles piétinées.
- j’entends la même chose de mon côté, combien peuvent-ils être ?
Maintenant, avec le bruit toujours plus présent, je peux voir bouger les buissons, le stress nous dérègle l’estomac. En insistant sur chaque mot, et tout en parlant bas, je continue de fixer l’orée : - Il ne faut pas avoir peur, toute peur de notre part sera, si cela se passe comme sur terre, compris comme un aveu de faiblesse par ces créatures,
- Tu es marrant toi, je n’ai pas la moindre idée de ce qui nous fixe et nous tourne autour, encore moins leur nombre, et tu voudrais que je reste tranquille.
- Avant de quitter la terre, je chassais beaucoup, je ne rentrerais pas dans les détails, mais essai de prendre sur toi, notre survie en dépend.
Ça y est l’une des créatures sort son museau, il doit bien faire une 15 aine de kilos. Un mélange entre un chat et un lapin, je ne sais pas trop quoi dire d’autres. Son approche est tout autant calculée. Avec un regard noir et profond, il me fixe et grogne, il semble pourtant me craindre. Veut-il m'attaquer ou défendre quelque chose ?
Un hurlement bestial profond résonne jusqu’à nous, l’animal devant moi distrait, regarde dans la direction d’où provient cet effroyable cri, puis me regarde encore, mais comme apeuré, toutes les créatures sur ma droite encore caches, sortent en courant rejoindre le premier, et sans plus nous prêter la moindre attention détalent vers ma gauche.
- Cours Zohan ! Suis-les vite.

 

Cinq minutes de courses, à en perdre haleine, j’ai encore du mal à reprendre mon souffle, nous devions absolument rester aussi proches que possible de ces chats étranges. Ainsi, notre prédateur, semblait ne plus savoir où donner de la tête.
Pour finir, notre salut, nous ne le devions qu’à l’approche d’un troupeau de gros herbivores au long cou. Le gros carnassier a préféré changer de proie.
- Quelle chance nous avons eue. Me sors Zohan, as-tu vu cet animal, et sa mâchoire, il aurait pu nous gober d’un coup de mâchoire. Il devait bien faire un bon 5 mètres de long, il m'a fait penser à une sorte de T. Rex, si je ne me trompe pas :
- Ivy aurait sans nul doute pu nous dire à quelle créature terrienne, celui-là ressemblait le plus.
Lui rétorque-je alors. Puis d'ajouter. : - Mais où peuvent-elles bien se trouver ?

À cet instant, j’ai l’impression d’avoir perdu toute compétence de leader, les filles ne m’ont pas écouté, et j’ai peur de ne pas les retrouver. J’ai mis la sécurité de tous mes subordonnés en danger, et pire, Zohan semble mieux gérer que moi la situation.
- Retournons au campement, nous aviserons plus tard. Me dit-il.

Retour au pas de course au campement. Au bas de la grotte, nous les appelons, et après trois tentatives. : - Oui, nous sommes là, mais arrêtez de hurler, nous avons besoin de calme.
Choqués par leur propos, nous montons à toute allure. : - Que se passe-t-il ?
Leur remarque nous inquiétant bien plus qu’elle ne nous rassure. Une fois en haut, nous les voyons toutes deux affairées autour de quelque chose, Ivy nous tourne le dos, et j’aperçois furtivement Naëlys, qui en levant la tête nous fait un geste de la main et ajoute : - Ici, ne vous inquiétez pas tout va bien.
En nous approchant, nous découvrons encore une fois une de ces chats étranges. : - Mais, qu’est-ce que vous faites avec cet animal, ils ont failli nous tuer à Zohan et à moi, et maintenant vous en avez carrément apporté un ici.
Je bouillonne intérieurement de colère, jusqu’à ne plus pouvoir me retenir.

​

Me baissant pour le ramasser et le sortir de notre habitat, il me donne un coup de griffe qui me marque la main. :

- Mais il m’a fait mal ce sale bestiau, qu’est-ce qu’il vous a pris de l’apporter ici.

Naëlys se lève face à moi tandis qu’Ivy tente de calmer l’animal que je vois gigoter dans tous les sens.

- Chut calme toi, lui dit-elle en le caressant doucement.

Naëlys prend un ton plus dur et sec avec moi. : regarde-le, c’est probablement un petit, nous l’avons trouvé emberlificoté dans une plante tout aussi étrange que ce monde. Une sorte de liane qui ne semblait pas particulièrement commode. Si tu veux la voir la voici.

Elle me jette alors cette étrange branche couverte de figure terrienne, ces dernières semblent munies de poils collant et assez urticant.

Son attitude me surprit tellement que je perdis toute velléité de les sermonner. En revanche, je me mets à ressentir le contact avec cette plante comme une agression et ne peux m’empêcher d’ajouter :

- Mais qu’est-ce que c’est que ce truc, ça s’agrippe à moi et ça démange.

Ivy ajoute alors, en me faisant signe de m’approcher du chat : - Regardes ça ne fait pas que ça. Vois ces espèces de traces rouges, cela ressemble à des morsures sur sa peau, lorsque nous l’avons vu à couiner, nous ne pouvions rester insensibles.

Il se débattait et nous regardait comme pour nous demander de l’aider. Eh oui Monsieur, c’est ce que nous avons fait. Mais après ça, il n’était pas question de le laisser à son sort. Une fois libéré, il s’est blotti contre moi. Alors on est aussitôt rentré avec lui.

- Et la Liane demande-je alors, vous étiez parti voir une plante, c’est celle que tu viens de me donner ?

- Non pas du tout, nous ne l’avons pas retrouvé, en faisant le chemin inverse, lorsque nous avons entendu ses cris, nous avons sitôt bifurqué.

 

- Et on en fait quoi de cet animal alors, maintenant qu’il est là ?
- Et bien, pour le moment, on va avancer pas à pas. On va commencer par trouver à manger pour tout le monde, je vois que personne n’a rien rapporté, et nous-mêmes n’avons pas pu faire ce que nous avions prévu. Ensuite, on va réfléchir à quoi faire de lui, mais si tu n’y vois aucune objection, j’aimerais qu’on prenne le temps de le soigner. Ou alors tu préfères qu’on le sorte d’ici, sans rien faire ? Vu son état, il n’a aucune chance.
Dans ma tête, je me dis que son air sarcastique est un peu déplaisant, mais ne fait qu’enfoncer une certaine réalité, sur le premier point, nous n’avions toujours rien à manger, et pour le second, même si tout à l’heure, nous étions en mauvaise posture avec les gros chats, je ne peux pas agir bêtement envers un autre qui semble lui nous demander de l’aide.
Zohan me fait ressortir de mes pensées lorsqu’il se met à expliquer pourquoi nous sommes revenues bredouilles : - Non, nous avons été attaqués par justement des gros chats, mais versions adultes, comme celui que vous venez d’apporter ici. Peut-être comprendrez-vous mieux notre réaction, et après ça, ça s’est fini avec un gros animal qui m’a fait penser à un T-rex version Osberan.
Prise d’un rictus mimant le rire, les filles nous regardant d’un air signifiant bien leur suspicion, puis nous achèves avec une gentille remarque. : - Soit, on va vous croire pour cette fois.
Le temps de se préparer et nous voilà reparti en chasse. Cette fois, je pars avec Naëlys pendant qu’Ivy et Zohan restent à la grotte. Ils doivent rapporter encore un peu d’eau et s’occuper du bestiau.

​

Nous avons cherché une heure avec Naëlys, pour finalement tomber sur une créature à l’air étrange, un corps long, qui se pliait comme celui d'une chenille lorsqu'elle avance. Une tête horrible avec des yeux globuleux. À croire que son moyen de défense sur cette planète, c’est de n’être pas du tout appétissante. Mais par manque de cible, nous nous sommes contentés de chasser cette dernière.
En fait, elle n’est pas simple à tuer. Bien qu’elle ne semble pas être agressive, elle est rapide, parvient à monter aux arbres aussi efficacement qu’un serpent et sait même attraper les fruits de l’arbre pour nous les balancer. C’est plutôt douloureux. Encore une heure plus tard, on a pu avec Naëlys profiter d’une chute par maladresse de la créature, pour la tuer.
Fabrication d’un moyen de portage du gibier et retour au campement.
En revenant au Campement, nous appelons Zohan et Ivy, mais aucun retour. Le chaton est toujours là à dormir, mais aucune trace des 2 camarades.
Dans le doute, nous posons le gibier en lieu sûr, puis nous effectuons une recherche d’abord dans les proches profondeurs de la grotte, puis dans les alentours directs. Aucune trace, ni d’eux, ni de combat avec une quelconque créature.
Naëlys se met à paniquer un peu, moi-même n’étant pas très rassuré, je ne sais pas comment gérer. À défaut, je lui propose que l’on s’occupe de préparer la nourriture. On prépare alors un feu à la lisière de la grotte et on place le gibier embroché juste au-dessus, avec un peu de chance, ils seront de retour avant le coucher et seront guidé par la lumière de notre feu. Seulement, une fois la nuit tombée, personne n’est de retour. Le choc émotionnel est lourd à porter ! Depuis que nous avons débarqué tout est compliqué, plus de vaisseau, plus de radio pour contacter la flotte, et même plus de jeep pour se déplacer. De toute façon, à chaque utilisation, cela a été un désastre. J’aurais aimé au moins prévenir les autres colons, mais personne ne semble savoir où nous trouver.

- Naëlys, veux-tu que nous retournions au vaisseau demain, peut-être que quelqu’un l’aura vu et est à notre recherche, qu’en penses-tu ?
- Mais, et pour Zohan et Ivy ? Nous n’allons pas les abandonner ?
Elle me regarde les yeux humides, son visage marqué par la fatigue des épreuves à répétition.
Le chaton profite que je sois en train d'avaler un bout de viande pour se faufiler dans mes bras demander des caresses et participer au repas. Le silence se faisant de plus en plus pesant, je la regarde à mon tour, cherchant ce que je pourrais lui répondre : - Non ! Bien sûr que non, l’idéal serait de laisser un message sur l’une des pierres, bien en vue, leur disant que nous sommes repartis au vaisseau, et que nous reviendrons les chercher dès que nous-même aurons été sauvés.
- Soit ! Me répond-elle sans conviction. : faisons ainsi alors.
Je me retrouve seul avec l’animal, à me demander si c’est un mâle ou une femelle, je suis tellement perdu, que je surprends à me poser se genres de questions. Ce que je trouve risible dans la situation c’est son comportement aussi proche que celui d’un chat.
Sa ressemblance physique aussi est surprenante.
Comme quoi, mes idées préconçues, et ne sont pas toujours bons à suivre.
Je repense alors à mes compagnons.
Et au fond, je m'entends dire à Ivy, je suis navré d’avoir agi ainsi tout à l’heure.
Il est clair que ton approche était la bonne.
Avant de me coucher, je recharge le feu, me lève pour faire de nouveau un tour d’horizon. Depuis les hauteurs de la grotte, je vérifie, si par le plus grand des hasards, je pourrais les localiser, ou à défaut constater la présence d’un feu, me signalant qu’ils sont toujours en vie. Mais rien, dans le doute, je vérifie aussi vers les profondeurs de notre habitat, mais rien. Rien du tout ! Résigné, je me dis qu’il est de toute façon trop tard pour continuer les recherches, et notre groupe, enfin ce qu’il en reste, est bien trop fragile pour faire quoi que ce soit.

 

Je me pose alors à côté du feu, le chaton s’approche de moi, me demande quelques caresses. Lui dont ses parents semblaient vouloir me trucider, apparaît tout à coup tellement câlin. En m’allongeant, il vient se blottir contre moi. Sa présence me berce.

Le lendemain matin, mon nouveau compagnon me réveille en me léchant le nez, son haleine peu agréable me fait vite sortir de mes rêves. Il y a bien longtemps que je n’ai pas aussi bien dormi, me dis-je alors. Je m’assieds la tête lourde, et lorsque je lève la tête, Ivy n’est plus là. Aussitôt pris de panique, je l’appelle, mais aucune réponse. Encore une fois, une personne de mon équipe disparaît. Pourtant, encore une fois, je ne trouve rien d’anormal, pas même un message de sa part. Désemparé, je regarde le petit animal, et me mets à lui parler : - Tu as vu quelque chose toi ?

En guise de réponse, il baisse ses oreilles et incline la tête.

- Tu ne me comprends pas, pourquoi je me mets à te parler. Surement l’épuisement moral. Que faut-il faire d’après toi ? On part à sa recherche ?

Sans plus attendre, j’attrape, le peu de nourriture qu’il me reste, jette le tout dans un sac de fortune et redescend de la caverne sans trop me soucier des dangers. Pendant plus de 2 heures, je recherche mes 3 compagnons, et plus le temps passe, plus je perds espoir de les retrouver.

Désillusionné, je retourne au campement avec la croyance que peut-être l’un des 3 au moins serait là, mais non ! Je suis seul, perdu sur une planète qui ne veut pas de moi. Ma dernière chance, repartir au vaisseau et souhaiter pouvoir relancer la radio. La nuit devrait tomber d’ici 3 ou 4 heures, aussi, je me hâte.

En marchant, je recroise le buggy, il semble avoir déjà souffert en seulement quelques jours. Dans le doute, je regarde à l’intérieur si j’ai quelque chose à récupérer. Juste un feu de détresse. Après tout, je l’utiliserais une fois au vaisseau et avec un peu de chance, quelqu’un le verra.

 

 

1 heure avant le coucher du soleil, j’arrive sur la zone d’atterrissage du vaisseau. Les Lianes semblent être totalement desséchées, les sas de l’appareil sont grands-ouvert, mettant à nu l’intérieur de l’appareil. Ce dernier est dans un état de délabrement très avancé. Je m'approche de l'extérieur et saisi un bâton, avec lequel je tente de dégager un peu le vaisseau, voir s’il est encore utilisable. En poussant les racines, celles-ci se cassent comme de simples brindilles, le reste tombe en poussière. Je découvre en dessous la carlingue scarifiée. J’imagine sans mal la puissance avec laquelle cette plante a dû broyer mon vaisseau. En continuant ma progression, je finis par monter. À ma grande désolation, l’antenne a été arrachée, et mise dans un tel état qu’aucune réparation n’est envisageable. Le peu d'espoir que j'avais encore fond peu à peu. Je me laisse alors divaguer dans des idées obscures et finies par ne plus faire attention à mon entourage.

Dans mes plus sombres pensées, j’entends le chaton encore en bas du vaisseau, miauler avec insistance. Il tourne en rond et semble perturbé. Que me veut-il ? Je n’ai pas la tête à ça ! Puis comme des vibrations régulières, me ramène dans la réalité. Serait-ce une grosse créature en arrivance ? Dans le doute, je me laisse glissée jusqu’à mon compagnon, lui tend les bras pour l'empoigner. Sans hésitation, il se laisse attraper. En tournant la tête dans tous les sens, je cherche un endroit abrité et discret, sentant chaque seconde des vibrations plus forte que les précédentes. Mon dernier espoir, je me tourne vers le Goéland, et commence à m’y diriger. Avec une certaine appréhension j’entre. Il grince de partout, j’ai l’impression qu’il va tomber en morceau, mais je n’ai pas le choix, c’est le seul lieu où je peux disparaître. Il y fait sombre. Au fond de la cale, une caisse suffisamment grosse pour que nous nous y cachions le chaton et moi.

​

 Le petit animal semble avoir bien compris ce que je voulais faire, car depuis que je le tiens il ne fait plus aucun bruit et se laisse porter sans résistance. Pourtant, je vois bien qu’il est terrorisé. Je suis flatté par la confiance qu’il m’offre, et en même temps, cela ne me rassure pas du tout. Hélas, je n’ai pas le temps de me poser toutes ces questions, en effet, les vibrations se rapprochent dangereusement au point qu’elles se répercutes dans l’appareil.

Une clef qui tenait en équilibre sur la console de contrôle, tombe alors sur le sol dans un fracas monstrueux. Je sens monter en moi un courant glacé de stress et de peur, et me surprend à prier que rien ne m’arrive. Ce bruit intense précède un silence pesant et en aucun cas rassurant, je ne ressens plus aucune vibration, le visiteur est -il parti ? s’est -il arrêté ?

Brusquement un bruit effroyable raisonne jusque dans mes os. Aussitôt, le chaton saute de mes bras, et part se cacher derrière moi.

Juste après cela, encore une fois le silence s’installe, encore plus gênant que la première fois, ne pouvant supporter de ne rien voir, je saisi l’instant pour jeter un coup d’œil avec toute la prudence nécessaire, j’essaie de repérer l’envahisseur ! Impossible de le voir !

Il est surement dans un angle mort, en fait non, il choisit ce moment pour faire glisser son museau au travers de la rampe, il est énorme. L’animal renifle à l’intérieur, angoissé par cette vision, je me retourne vers mon petit protégé, et le découvre tremblant, redoutant le pire. Il est tellement stressé qu’il commence à sortir les griffes.

 

Je jette de nouveau un œil furtif, j’ai juste le temps de l’apercevoir se retirer de l’entrée du vaisseau, une tête allongée pourvue de 2 trous en guise de narine. Ses 2 yeux énormes et ressortant de leurs orbites présentent un iris Cyan presque lumineux, la pupille d'un noir profond est séparée en 2, le fait qu’ils soient placés de part et d’autre de la tête me laisse supposer qu’il s’agit d’un animal de proie et non un prédateur. Cela me soulage un peu, c'est l'occasion de me poser pour tenter maintenant de calmer mon compagnon de fortune. L'animal me faisant penser à un chat, naturellement, je lui gratte sous le menton. Caresse à laquelle il est positivement réceptif. C’est fou ! L'animal me faisant penser à un chat, naturellement, je lui gratte sous le menton.
Les minutes qui suivent sont particulièrement calmes, je commençais presque à m'endormir avec mon familier. Hélas, pour nous 2, cela n'est pas fini avec l’intrus. Nous sommes brusquement secoués. Il se met à taper dans la carlingue ! Pourquoi ? Je n'en sais rien, mais le bruit qu'il provoque est insupportable. Mon petit acolyte, qui jusque-là s'était tranquillisé, se met à geindre aussi fort qu’il peut. Y a-t-il un lien, mais brusquement, notre assaillant s’arrête de frapper. En fait non ! Car juste après ce petit intermède, le cri et les pas d’un nouveau venu, résonne dans la structure. Empli d'une peur et d'une panique sans nom, je me sens obligé de bouger, aussi loin que possible d’ici. J’attrape mon petit ami avec empressement. Il a beau me planter de peur ses griffes dans le bras, je ne le lâche pas. Je me redresse, regarde furtivement si je vois l'un des monstres au travers des ouvertures, et m'approche prudemment de l'arrière du vaisseau. Je découvre alors avec horreur qu’il s’agissait bien d’un nouvel intrus, pire, cette fois, il s’agit clairement d’un prédateur.

 

Ses dents longues en disent long. Sa mâchoire me fait penser à celle d’un crocodile raccourci, mais son aisance, à marcher en est tout son opposé, bien posé sur ses 4 pattes, il fond sur l’autre géant, le faisant lourdement tomber sur mon habitat de fortune, ce qui ne me laisse plus le choix. Projeté au sol, je regarde la scène et comprends que j'ai à faire à 2 géants qui n'auraient aucun mal à me faire disparaître. Ce qui reste de mon vaisseau parait à peine plus gros que les 2. Posés au sol, ils ne m'ont pas encore vu, et je profite de ce moment pour fuir vers l'orée du bois, les sens toujours en alerte. Cette planète me semble être un véritable enfer.
Le combat fait rage, et régulièrement, mon ancien vaisseau prend de nouveaux coups, le déplaçant peu à peu vers son inéluctable sort. Bien caché entre les racines d’un géant de la forêt, j’assiste à la chute du Goéland, je le vois chavirer puis tomber du haut de la falaise. Cet endroit même, qui, il y a quelques jours, nous avait accueilli et protégé. Mon dernier espoir d’un quelconque sauvetage, disparaît 100 m plus bas, dans une forêt terriblement épaisse et inhospitalière. Ma solitude à cet instant est totale.

En quelques jours seulement ma vie a totalement changé. Je me remémore le temps qui vient de s’écoulé, nostalgique et triste. Il y a 6 mois je vivais encore entouré de gens sur une autre planète, Pendant 5 mois, j’ai fait partie de l’équipe de gestion d’une flotte comptant quelques milliers d’humain et aujourd’hui, je n’existe plus ! pour personne ! Hormis ce petit être dont je ne voulais pas à son arrivée. Pendant quelques instants, j’ai tout simplement perdu tout contact avec la réalité, je n’ai même plus conscience de ce combat qui se passe juste devant moi. Heureusement qu’il est venu me réveiller avec sa patte. En le regardant, je prends conscience qu’il est tout ce qu’il me reste et je me surprends à lui parler :

 

Comment vais-je t’appeler ? Puisqu’il ne reste que nous 2. Je l’observe d’un regard mêlé de tristesse et étrangement aussi d’espoir, suis-je en train d’accepter ma situation, probablement. À voix haute, je lui sors : que penses-tu d'Orbe ?

Je suis persuadé qu’il ne me comprend pas, pourtant, son geste de la tête me laisse croire qu’il réagit positivement à ce choix.

- Alors partons là-dessus ! M’esclaffe-je. Je t’appellerais Orbe à partir de maintenant.

Cela provoque en moi, un brin de joie, de satisfaction. Je ne sais pas si c’est la solitude ou la folie qui me prend, mais il reste une bouée de sauvetage pour mon esprit, alors je m’y accroche.

Je jette un dernier coup d’œil sur ce combat de titans, la proie semble en bien mauvaise posture, voilà très clairement le signal pour moi pour ne pas demander de reste.

- Allez Orbe, on y va !

Le temps de me retourner, et en avançant, je tape dans un caillou qui se met à rouler devant moi. D’abord apeuré, je vérifie, qu’aucun des deux monstres n’ai entendu quoi que ce soit. Une fois rassuré, je me retourne pour découvrir Orbe à s’amuser avec ce qui ressemble une balle en métal assez brillante. Attiré, je jette un œil rapide et reconnais alors ma sphère d’information.

- non, Orbe, lui dis-je, ne l’abîme pas s’il te plaît. Même si elle ne m’est plus d’aucune utilité, je souhaite la garder.

Il me regarde alors, le museau en l’air, le temps pour moi d’attraper l’objet et de la ranger dans mon sac.

 

- Direction la grotte, dis-je alors au chaton en faisant un geste du bras pour me lancer dans cette marche.

On profite tous les 2 du trajet pour se remplir l’estomac de quelques fruits pour ma part et quelques rampants pour mon compagnon. Il parvient même à saisir une sorte de lézard volant. Qu’il grignote en deux coups de crocs.

Après 2 grosses heures de marche, je suis de retour à la grotte. J’espérais retrouver quelqu’un, mais non, personne, rien n’a bougé depuis le matin que je suis parti.

 

 

Cela fait plusieurs mois maintenant que j’erre sur cette planète étrange, j’ai pris l’habitude de vivre seul avec Orbe. J’ai vraiment de la chance de l’avoir avec moi. Sans lui, je n’aurais jamais pu tenir si longtemps. Il a bien grandi et me rend de grands services pour la chasse, mais aussi pour m’alerter sur les risques, j’espère juste qu’il n’aura jamais l’envie de me dévorer, je vois chaque jours ses crocs et elles sont plutôt inquiétantes.

Tout est étrange ici, Les créatures sont dangereuses, mais pas seulement, les plantes ne sont pas en reste, sans le moindre soupçon de folie, je vois bien qu’elles me regardent comme un repas potentiel.

La vie sur Osberan a été très difficile au début, les journées étant plus longues que sur terre, le cycle de sommeil est particulièrement perturbé. Fort heureusement, je sens bien que mon corps s’est peu à peu adapté au nouvel environnement, sauf en ce qui concerne le poids des choses, tout est plus lourd, plus difficile et éprouvant à porter, moi-même je me sens lourd, comme si je mangeais trop, et ça je sais que ce n’est pas le cas.

Sur terre je pouvais sans difficulté courir 2 à 3 heures en continue, mais depuis que je suis ici, je peine à boucler 1h et 30 minutes. C’est assez logique, elle est 20 pourcents plus forte que sur terre. Et de toute façon avec une gravité minimisée dans le vaisseau, cela n’a rien arrangé.

Maintenant, je ne m’apitoie pas sur mon sort, il est bien plus rose que ce que j’aurais pu espérer lorsque tous mes compagnons ont disparu.  

D’ailleurs en parlant de cela, bien que cela fasse plusieurs semaines que je sois ici, je n’ai pas vu le moindre vaisseau dans les airs. Et personne n’a tenté de me retrouver. Et de toute façon, ils n’auraient rien pu faire, je n’ai même plus de balise. Hormis cette sphère que je n’ose plus démarrer, je n’ai plus rien de mon passé.

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